En 1991, lorsque je me marie à Espelette, je ne savais pas que je serai liée à vie également au Piment d’Espelette….
En effet, mon mari Battitta Noblia cultive le piment avec son voisin Charles depuis 1988. Son oncle Xan Noblia lui a transmis le virus.
Dès lors, le piment fait partie intégrante de notre vie. Malgré lui, son activité de commercial et moi de technicien au Centre Ovin Départemental, nous cultivons 10.000 plants de Piment d’Espelette. En 1995, Battitta s’installe Jeune Agriculteur. Moi je continue mon activité. 3 enfants plus tard (Xalbat, Ttale, Maixan) en 2003, je décide d’arrêter mon travail et de m’investir dans la culture du Piment d’Espelette.
En 2000, l’obtention de l’appellation Piment d’Espelette A.O.C. (depuis 2009 c’est A.O.P.) a ouvert des perspectives dans ce secteur.
Il est désormais possible de planter et pouvoir commercialiser le piment à:
- Espelette
- Souraide
- Itxassou
- Ainhoa
- Larressore
- Cambo les Bains
- Saint-Pée sur Nivelle
- Ustaritz
- Jatxou
- Haltsou
La C.U.M.A Bixi Bixia s’organise. Plastiqueuse, machine à planter, four… sont achetés en C.U.M.A. afin de réduire les frais et pouvoir investir…
En 2007, je prends le piment à mon nom. Après plusieurs foires (Marseille, Clermond-Ferrand, Paris) grâce à Monsieur Sallaberry, gérant de Bipia, je m’intéresse à la vente. En 2009, je m’inscris à France Passion ; l’accueil des camping-cars me passionne. Mais notre ferme est dans un périmètre de protection d’une source d’eau. L’avenir s’assombrit, toute évolution est compromise.
En juillet 2011 mon rêve se réalise lorsque la mairie d’Espelette nous « déniche » un local que nous achetons. Désormais la boutique « les Délices de la Fermière » s’ouvre en plein centre d’Espelette. Ainsi nous pouvons vendre nos produits, expliquer notre métier, et vendre des produits agricoles de villages voisins
Ainsi, ce site nous permet de présenter nos produits mais également de vous faire vivre le Piment d’Espelette comme si vous étiez avec nous Ainsi début mars lors des semis,nous vous donnerons toutes les explications photos à l’appui..
Début mars, lune descendante. L’oncle Xan, notre mentor, disait toujours de semer le piment d’Espelette à la lune descendante. Soit. Aujourd’hui mi- mars c’est le moment. Il faut préparer la table de semis. La nettoyer, balayer pour placer les barquettes avec les précieuses semences.
Je mets du terreau, sème et recouvre à nouveau de terreau, puis les arrose.
Je place les barquettes sur la table de semis à 24°. Battitta arrive et vérifie. Le travail est à son goût. Ouf!
Tous les jours il faudra surveiller.
La météo annonce 19° au Pays Basque.
J’ôte la couverture au dessus de mes plants sinon avec la chaleur, mes petits plants vont souffrir.
Je dois également les arroser.
Mes plants seront prêts à être repiqués d’ici quelques jours. Battitta a été chercher le terreau, il a également nettoyé et désinfecté la serre.
Fin mars, mes petits plants sont prêts à être repiqués.
Battitta et Ttale peuvent préparer les barquettes de terreau et moi je vais repiquer avec Maixan, il n’y a pas à dire la gente féminine est plus douée pour ce travail manuel.
Désormais les plants grandiront dans la serre avec une surveillance de tous les jours.
Il faudra les arroser, remplacer les faibles.
Toutes les semaines, vous pourrez surveiller à travers les photos « la courbe de croissance » de mes plants de Piment d’Espelette A.O.P.
Début avril, les plants sont repiqués depuis 8 jours :
Mi-avril le temps est froid et pluvieux mais dans la serre les plants profitent.
Ils ne sont pas encore adolescents mais ça pousse bien.
Mes plants grandissent doucement le temps n’est pas très favorable : froid, pluie…
Le soleil est là. Du coup mes plants passent en quelques jours de l’enfance à l’adolescence.
Il faut même ouvrir les portes pour freiner leurs ardeurs !
En fait, habitués à la chaleur de la serre les plants grandissent mais les pauvres n’ont aucun muscle! Afin de les fortifier, la fraicheur de la nuit les fait durcir. Pour cette raison les portes désormais resteront ouvertes.
Les plants sont prêts. Leur indépendance passera par la plantation.
Pour cela il faut préparer la terre et surtout mettre la bâche noire qui nous évitera le plus gros désherbage.
C’est le jour de la plantation. les plants sont mis dans les remorques pour être transportés au champ.
Il fait beau ce lundi 14 mai. On plante aujourd’hui avec les voisins Chantal et Charles qui eux aussi sont producteurs de Piment d’Espelette A.O.P.
Demain c’est chez eux. Les hommes sont énervés et pourtant nous travaillons tranquillement.
Nous les femmes, nous sommes sur la planteuse (quand je vous dis qu’il n’y a que les femmes qui travaillent au Pays Basque !!!)
Je plaisante bien sur car les hommes font les transports des remorques, conduisent le tracteur, chargent la machine. En fait nous on reste sur la machine pour mettre le plant dans les godets bref aujourd’hui c’est nous les reines… pour une fois!!!
Nos petits plants ont pris leur indépendance mais la vie est dure. Il fait froid, le vent souffle, le soleil fait la tête.
Battitta a décidé qu’il faut attacher le piment et comme c’est lui le chef!!!
Il faut mettre les piquets en bois en bout de champ.
Ensuite, tous les 10 plants il faudra mettre les piquets en fer.
Puis il faudra tirer les ficelles d’un bout à l’autre des rangs et les attacher à chaque piquet. Ainsi le piment maintenu ne peut plus tomber.
Après avoir fait tout ça, Battitta pense au désherbage auquel il faudra s’attaquer sans tarder.
Malheureusement la mauvaise herbe pousse plus vite que les piments. Accroupi il faut désherber tous les plants de piment d’Espelette un par un car lorsqu’on plante le piment sur la bache, lors de la plantation un trou de 20 à 25 cm se fait et la à la lumière c’est la fête pour les mauvaises herbes qui poussent contre le pied. Cette opération se renouvelle 5 à 6 fois dans la saison…
Il ne fait pas très chaud. Le piment pousse doucement ce mois de juin.
On désherbe régulièrement les pieds. Il faut également biner entre les rangs avec le petit tracteur.
Malheureusement on ne peut trop s’approcher des bâches sans risquer de les déchirer. Battitta a trouvé la solution; avec une bineuse manuelle il faut gratter tous les bords de bâche. Passionnant !
Il faut également penser à commander le « Biotop ». En effet, de cette plaquette se dégage le trichogramme, insecte auxiliaire (petite guêpe) qui pond dans les œufs des papillons qui nous attaquent les fruits.
Afin d’expliquer le principe, j’ouvre une plaquette.
Des milliards de trichogrammes (micro- insectes) vont aller pondre dans les oeufs des papillons qui nous attaquent les fruits.
Utilisés en agriculture bio, cela fait des années que nous les utilisons et leur efficacité a été largement prouvée.
En déposant les plaquettes dans le champ, on se rend compte qu’il y a des centaines de petites coccinelles..sur les feuilles, par terre….
En revanche, les trichos n’ont aucune influence néfaste sur nos petites copines qui se prélassent au soleil….sur les feuilles, la bâche…
Enfin, on voit le fruit de notre travail. Les plants poussent et les fruits se forment. Désormais il faudra penser à installer la deuxième ficelle. En effet, avec le poids le plant a tendance à tomber et il va gêner le travail du tracteur lors du binage.
On a reçu la dérogation pour arroser le champ mais nous n’avons pas installé l’arrosage.
Début août, les fruits rougissent…
Avec le soleil, désormais les fruits mûrissent….
Il faut penser à la récolte.
Désormais les rangs sont propres, le champ est magnifique…
Lionnel Dendaletche, producteur de piment d’Espelette A.O.P. nous envoie son équipe de ramasseurs en prestation de services.
Pour nos 12.000 plants, la journée est nécessaire.
La récolte est manuelle.
Les piments sont mis dans des caisses. Ensuite, celles-ci seront comptées et pesées…
Il ne faut pas oublier de déclarer la quantité récoltée au Syndicat du Piment d’Espelette A.O.P.
Ensuite les fruits sont nettoyés.
Afin de remplacer le chiffon pour nettoyer les fruits, nous avons opté en 2010, pour une machine à nettoyer le piment.
Certains seront sélectionnés pour la corde de piment d’Espelette AOP (entre 7 et 15 cm)
D’autres seront utilisés pour la goxa (gelée) et la zorion bizia (purée).
Enfin, d’autres seront mis en présséchage durant un minimum de 15 jours sous la serre qui a servi à faire pousser les plants.
Plus de 15 jours après, les fruits ont perdu de leur superbe…
Après le désherbage manuel, ce travail d’équeutage est le plus fastidieux car il demande beaucoup de temps et la queue ayant durci il arrive souvent de se blesser les doigts.
Pour le transport vers le four, les fruits sont remis en caisses.
Ensuite les fruits seront re-étalées sur des claies et seront (re re) triés avant de les mettre au four pendant 48 h à 60°.
Les fruits resteront 48 heures à 60°
Etape délicate.
S’ils ne sont pas assez secs; ils seront réenfournés quelques heures de plus…
A la sortie du four, après un (re re re) tri, ils sont réduits en poudre à l’aide d’un broyeur.
Ensuite, immédiatement ainsi la poudre obtenue est mis sous vide en poche 1 Kg ou 5 Kg.
Une personne, employée chez Certisud (organisme agrée) vient prélever 4 pots de 50g de piment.Ainsi ce produit sera soumis à une dégustation.
Tous les jeudis, Certisud aidé par les employés du Syndicat du Piment, organisent la séance de dégustation de piment d’Espelette.
Ainsi après avoir suivi une formation de dégustateur de piment d’Espelette, les producteurs de piment, des restaurateurs, des bénévoles (je profite de l’occasion pour vous remercier pour tout le travail que vous faites pour nous) se retrouvent toutes les semaines dans une grande salle d ‘Espelette.
Ainsi chacun d’entre nous, sommes conviés toutes les 3 semaines à participer à une séance de dégustation de piment.
En nombre impair, le plus souvent 5 personnes dans une table, dont 3 producteurs, un restaurateur, un bénévole ont devant eux 7 verres à vin remplis de moitié de piment d’Espelette.
Avec une spatule, la séance commence.
A l’issue de la séance, une des personnes de Certisud vient relever toutes les notes.
Si le piment remplit toutes les conditions requises pour le piment d’Espelette A.O.P. le piment est agrée et peut être vendu sous cette appellation.
Ainsi pour 1 kg de piment je remplis 25 pots. Si j’ai demandé l’agrément pour 100 kg le syndicat me délivrera 2500 étiquettes d’inviolabilité à apposer obligatoirement sur le couvercle du pot de piment d’Espelette A.O.P.
Si l’agrément est refusé, cette poudre sera remise en dégustation le jeudi suivant sa disqualification. Ceci explique également que chacun d’entre nous sommes conviés toutes les 3 semaines. Ainsi cette poudre sera rejugé par un jury différent. Si celui-ci l’accepte, il sera vendu en piment d’Espelette A.O.P.
S’il est à nouveau refusé, il sera vendu en tant que poudre de piment mais en aucun cas poudre de piment d’Espelette A.O.P.
Maintenant vous en savez autant que nous sur le fameux Piment d’Espelette A.O.P.
Juillet 2018 le journal Sud Ouest s’intéresse à notre travail et nous fait l’honneur de faire un superbe article sur notre champ de 10.000 plants.
Pour terminer quelques photos des produits que vous pouvez trouver dans la boutique en plein centre d’Espelette:
Le panda surveille les délices .
Le panda? Eh oui le panda a été découvert par Armand David, parti missionnaire en Chine. Son papa à l’époque était maire et médecin à Espelette.
Miel, cosmétiques, apithérapie avec Ruche et Flore.
Miel de Emeki, vétérinaire apicole à Souraide, fait partie de la charte Idoki (www.idoki.fr) et en mars obtiendra l’appellation bio.
Vin basque Florence Mourguy en appellation A.O.P. Irouleguy.
Notre ami le panda, visiblement préfère se saouler avec le rosé, mais il a oublié qu’il existe également le rouge…
Le foie gras de la maison Arnabar
Pour se sentir belle, notre petite Heidi, Pantxika Lopez nous présente sa gamme de cosmétiques ainsi que Frédéric Ducazeau avec ses produits à base de lait bio d’ânesse.